Mention bio ??? Vos papiers !

C’est devenu tellement évident pour nous – et pour vous peut-être aussi – que nous n’en parlons jamais, vous laissant simplement constater la présence des logos sur nos balisages ou étiquettes. La totalité de notre offre fruits et légumes, comme le reste de l’assortiment* vous est garantie issue de cultures bio ou converties, donc censément exemptes de pesticides de synthèse. Rien que ça, nous direz-vous ! En ces temps sceptiques et inquiets, les tampons rassurants qui décorent le bas des certificats ont du mal à rassurer les consommateurs, les slogans encore moins. Pourtant, cet engagement fort est celui que nous revendiquons. Comment y parvenir ?

Il est nécessaire avant tout de rappeler un point d’importance, mal perçu voire ignoré de la plupart : la garantie bio légale est relative aux moyens mis en œuvre par les producteurs, pas aux résultats constatés dans l’assiette (censément exemptes de pesticides de synthèse, ai-je écrit !). Notre démarche, et celle de tous les opérateurs sérieux, consiste à faire en sorte que ce doute, puisqu’il n’est pas évitable dans l’absolu, soit le plus inconsistant possible.

Les fruits et légumes bio sont contrôlés, très contrôlés, à tous les stades de la filière. La première précaution est drastique et impitoyable puisqu’elle disqualifie toute première production menée selon les méthodes de l’AB mais issue d’une terre sans « passé bio » d’au moins quatre saisons. Le cycle de transition qui suit, la conversion, s’étale sur une ou deux années, selon le type de culture. Ce qui en sort, s’il ne peut bénéficier des logos, mérite sa place sur nos bancs car cultivé sainement (en conversion vers l’AB). Et soumis aux règles de contrôle définies dans le cahier des charges…

Les organismes de contrôle, qui sont des sociétés indépendantes accréditées pour délivrer les certificats, vont auditer les opérateurs à l’aide d’un protocole prenant en compte tous les aspects matériels et administratifs des exploitations, avec des interventions se succédant, de la demande d’agrément jusqu’à la délivrance du label, en passant par la période de conversion. Une fois la production certifiée, un suivi annuel est mis en place avec des contrôles planifiés et d’autres inopinés. Des prélèvements sont effectués au stade de la culture, puis de la récolte. Les terres sont inspectées et les comptabilités contrôlées. Bref, rien n’est laissé au hasard… Et cela est renouvelé chez les distributeurs, où seront vérifiés la présence de certificats valides pour chacun des fournisseurs, la conformité du balisage des produits et l’équilibre de la balance entrées / sorties de marchandises.

Un point est confirmé par les faits d’une part, les expériences diverses du milieu professionnel bio d’autre part : l’utilisation de produits proscrits, en maraîchage et arboriculture pour le moins, est extrêmement rare. Constat rassurant, pas surprenant pour qui connaît le monde agricole bio dans lequel l’engagement s’apparente souvent à une vocation, à l’abandon d’une expérience conventionnelle antérieure éprouvante, et surtout à une prise de conscience écologique.

Les risques de contamination sont ailleurs et ceux qui les subissent sont la plupart du temps victimes plutôt que coupables. Ou alors responsables de ne s’être pas rigoureusement protégés d’un environnement conventionnel hostile par nature. Car dans nos campagnes où les îles bio (qui n’étaient qu’îlots voici deux décennies) ont les flancs battus par la marée conventionnelle, deux précautions valent mieux qu’une pour ne pas subir la punition d’une contamination collatérale.

Ainsi faut-il que le paysan bio :

  • Connaisse le voisinage cultural immédiat de ses cultures et le gère s’il est soumis à des traitements (bande laissée en jachère ou déclassement de la production mitoyenne).
  • Soit certain de la qualité de l’eau qu’il utilise si elle ne provient pas du réseau.
  • S’assure, s’il partage des outils de traitement ou de travail du sol avec d’autres, que lesdits outils sont nettoyés avant sa propre utilisation. Et que les contenants qui serviront à conditionner sa production soient neufs ou propres après d’éventuels contacts avec de la marchandise conventionnelle.
  • S’assure que ses cultures ne subissent pas les rejets d’un site industriel proche.

Même si ces transferts de molécules interdites, quand ils ont lieu – et c’est rare – restent proches de limites quantifiables, ils n’ont pas lieu d’être possibles, par respect pour les consommateurs qui viennent s’approvisionner en confiance dans les magasins bio. Quoi de pire qu’un travail qui tend vers une qualité irréprochable remis en cause au stade final pour quelque négligence ?

De manière à prévenir ces dangers, Satoriz entreprend aujourd’hui une collaboration avec ses producteurs, en particulier ceux pour lesquels nous sommes les premiers interlocuteurs commerciaux. Comment ? En mettant en place des protocoles à respecter pour que les contrôles que nous pratiquons (analyses sur prélèvement) ne soient plus que des formalités…

Mangez en paix, beaucoup veillent !

Alain Poulet