La gemmothérapie – Herbalgem

Huiles essentielles, plantes séchées, fleurs de Bach, extraits de plantes… La phytothérapie sous toutes ses formes est largement présente dans nos rayons, depuis toujours. Ses ramifications sont nombreuses, souvent complémentaires, très anciennes ou plus récentes. L’une de ses plus jeunes branches, celle qui nous concerne aujourd’hui, c’est la gemmothérapie. Pour comprendre ses promesses, nous avons questionné Frédéric Lambert, de la société Herbalgem. Ce laboratoire belge fabrique des macérats de bourgeons 100% bio depuis plus de trente ans. Du sérieux – assurément.

 

Entretien : Frédéric Lambert

 

Dites-nous tout !

La gemmothérapie est une forme de phytothérapie qui utilise les bourgeons et les jeunes pousses d’arbres et d’arbustes préparés à l’état frais, par macération directe dans un mélange eau-alcool-glycérine. Le latin ‘gemmae’ signifie bourgeon, mais aussi pierre précieuse. Cette forme de thérapie part de l’intuition que le bourgeon, composé des tissus embryonnaires, renferme toutes les propriétés de l’arbre – le « totum » de la plante. Autrement dit, une cellule végétale de bourgeon peut, in vitro, reconstituer le végétal dans son entièreté. Ainsi le bourgeon de tilleul possède-t-il les propriétés sédatives liées aux fleurs de tilleul mais également les vertus dépuratives et diurétiques de son aubier*.

* Partie tendre et blanchâtre qui se forme chaque année entre le bois dur et l’écorce d’un arbre.

 

Y a-t’il des traces de ce genre de pratique dans d’autres cultures, ou à d’autres époques ?

On utilisait déjà des macérâts de bourgeons au Moyen-Age ; on les retrouve notamment dans les traités d’Hildegarde de Bingen. Mais les véritables fondements de la recherche en gemmothérapie sont très récents, ils remontent aux années 1960. On les doit au médecin belge Pol Henry, le premier à avoir à avoir l’intuition que le méristème du bourgeon devait contenir toute l’information du développement futur de l’arbre. Il trouva lui-même le moyen d’extraire cette « quintessence » en utilisant trois solvants différents et complémentaires. Un brin alchimiste et convaincu de l’efficacité des médecines naturelles, Pol Henry testait le dosage sur ses patients au quotidien, à la goutte près. Dans le bourgeon, la concentration en principes actifs est 100 à 1000 fois supérieure à celle de la feuille et les résultats s’obtenaient beaucoup plus rapidement qu’en phytothérapie classique. Il nomma son approche la phytembryothérapie. Ses recherches furent reprises en France par un médecin homéopathe, le Dr Max Tétau, ainsi que par quelques spécialistes européens. Ils la renommèrent gemmothérapie, le terme « embryon » étant jugé trop connoté…

 

 

Il s’agit donc une approche très franco-belge…

Elle est également présente en Italie, mais il est vrai qu’elle reste largement nord-européenne. En Belgique, c’est Philippe Andrianne qui reprit ces travaux dans le but de mettre au point une posologie applicable par tous, pour aller plus loin que le goutte-à-goutte et le cas-par-cas. Il fonda Herbalgem en 1986. Dans le berceau de naissance de la gemmo qu’est la Belgique, nous travaillons avec nombre de médecins qui nous offrent des retours importants sur les usages des macérâts. En France, les homéopathes sont longtemps demeurés les plus réceptifs à la gemmothérapie. Aujourd’hui, elle y est plutôt prescrite par des naturopathes. Si la discipline demeure peu connue, on lit de plus en plus souvent dans des revues scientifiques des rendus d’études démontrant et attestant les vertus des bourgeons.

 

 

Sur quel type de maux la gemmothérapie est-elle le plus efficace ?

Ce sont des maux plus souvent physiques qu’émotionnels, même si la gemmothérapie présente une efficacité sur le traitement de l’anxiété, notamment. En guise de comparaison, on considère que les Fleurs de Bach agissent plutôt sur la sphère émotionnelle, tandis que l’aromathérapie a des effets physiques autant qu’émotionnels. Les trois approches sont in fine très complémentaires.

Sachant que le bourgeon présente à la fois les vertus de la feuille et celles des autres parties de la plante, comment savoir où se dirige son action ?

Une plante peut effectivement avoir plusieurs arcs thérapeutiques en fonction de ses principes actifs, tous contenus dans le bourgeon. Ainsi, on sait que le cassis est un puissant anti-inflammatoire à l’effet cortisone-like. La plante a encore d’autres indications, mais c’est cette priorité qui est retenue pour le bourgeon car c’est la plus importante. Les personnes qui connaissent bien la phytothérapie vont savoir à 80% vers quel bourgeon aller… Les 20% restants, c›est la différence entre la feuille et d›autres parties de la plante, dont les principes actifs priment pour certains bourgeons.

Peut-on se lancer seul, sans l’aide d’un praticien de santé ?

Au tout début, aller vers la gemmothérapie nécessitait de bien se connaître et de bien connaitre les plantes, ce qui était loin d’être évident. En 1995, Herbalgem a développé des complexes, des synergies harmonieuses de bourgeons entre eux et avec d’autres actifs (huiles essentielles, notamment), ce qui a rendu les macérâts accessibles au grand public. C’est le nom du complexe, comme Allergem ou Artigem, qui donne l’indication thérapeutique. Nous avons ensuite travaillé sur les emballages pour les rendre limpides et mettons à disposition des clients un guide thérapeutique gratuit qui leur permet de potasser un peu à la maison !

Existe-t-il des contre-indications ?

Quasiment aucune. A condition de respecter les doses conseillées et de ne pas boire le flacon d’une traite, la gemmothérapie est aussi efficace qu’inoffensive ! Il n’existe pas de risque de surdosage et son usage peut être familial, du bébé à la personne âgée. Les femmes enceintes peuvent prendre des macérats, à condition d’éviter pendant les six premiers mois de grossesse ceux ayant une action hormonale.

Macération de bourgeons de figuiers

Les bourgeons sont extraits dans un mélange d’eau, d’alcool et de glycérine végétale. La présence d’alcool ne pose-t-elle pas problème pour les enfants, notamment ?

Chaque élément du mélange de macération joue un rôle spécifique en terme d’extraction : l’eau extrait les sels minéraux, les vitamines, les flavonoïdes ; l’alcool extrait les alcaloïdes, les hétérosides, les vitamines… et la glycérine végétale extrait les flavonoïdes, phénols, etc. Il est intéressant de noter que l’alcool n’est pas là simplement pour servir de conservateur. Notre mélange est composé d’environ 1/3 de chaque ingrédient. Sur les 15 gouttes conseillées par jour, on a donc 2 à 3 gouttes d’alcool. Cette dose est dite « non traçable non détectable », elle ne perturbe en rien le métabolisme.

D’où proviennent vos bourgeons ?

Nous sommes producteurs et distributeurs de nos propres produits. Nous travaillons en partenariat avec des récoltants et des producteurs, locaux lorsque c’est possible, ou bien un peu plus éloignés pour certains arbres qui ne poussent pas près de chez nous, comme le figuier, qui vient du Sud de la France. Au printemps, nos équipes de saisonniers sillonnent les forêts et nos propres cultures bio pour cueillir les bourgeons juste avant l’éclosion. C’est à ce stade qu’ils conservent toute leur force et demeurent épargnés de toute agression extérieure, comme la pollution ou les pesticides. Les bourgeons sont plongés dans le macérât directement sur les sites de récolte, trente minutes maximum après avoir été prélevés. La macération, la filtration et la mise en flacons s’effectuent ensuite dans notre laboratoire.

Récolte de bourgeons de cèdre

Il s’agit décidément d’une thérapie très locale !

Nous n’utilisons effectivement que des plantes de nos terroirs. La phytosociologie, qui décrit les diverses associations de plantes dans la nature, est un aspect important des recherches de Philippe Andrianne. On constate par exemple que certaines plantes n’évoluent pas sur des terrains humides. On fait alors appel au bouleau, qui draine le sol et le restructure. Dans l’organisme, c’est un peu la même chose : le bourgeon de bouleau va drainer et redonner de la vitalité. Même si ce ne sont que des constatations, l’observation des similitudes entre le terrain de la plante et le terrain humain nous permet d’avancer. En tant qu’être humain, nous sommes ancrés dans notre terroir et reliés aux plantes qui en sont issues. A l’heure actuelle, avec les super aliments, les super graines et autres ingrédients miracles venus de très loin, c’est tout un débat ! Outre l’impact écologique lié à leur transport, on peut se demander s’ils sont aussi efficaces sur nous que sur les personnes issues du même terroir…

Pour résumer, la gemmothérapie est une approche locale, simple d’usage et rapidement suivie d’effets… L’utilise-t-on plutôt sous forme de cures ou bien en usage quotidien ?

Le principe de base, c’est toujours trois semaines d’utilisation, suivies d’une semaine d’arrêt. Cette interruption, pendant laquelle l’organisme reprend ses droits, est un indicateur permettant de savoir s’il est ou non nécessaire de repartir pour trois semaines de traitement. Dans le cas de douleurs chroniques et si la gemmothérapie est prise comme solution de confort, elle peut être utilisée au quotidien, sans interruption. Quoi qu’il en soit, la posologie standard pour un adulte est de 15 gouttes, et d’une goutte par année d’âge pour un enfant. En usage préventif, on conseille de les prendre en une fois, en-dehors des repas. En curatif, afin de profiter du confort consécutif à la prise, on peut répartir la dose en plusieurs fois.

Peut-on prendre plusieurs complexes en même temps ?

On peut mélanger un complexe avec un unitaire, à condition qu’il s’agisse d’une plante qui répond à la même problématique. Le bourgeon de cassis, adaptogène, peut ainsi être ajouté à de nombreux complexes dont il va potentialiser les effets. La gemmothérapie n’est pas sans lien avec la médecine chinoise : pour suivre les indications de cette dernière, nous conseillons de prendre les toniques et les macérâts préventifs le matin, ceux ayant une action circulatoire plutôt à midi, et les calmants le soir.

 

Quels produits nous conseilleriez-vous pour la période mai-juin, celle qui nous concerne en ce moment ?

Allargem me parait tout indiqué ! Ce complexe à base de bourgeons de cassis et de romarin associés à une teinture-mère de propolis agit sur les allergies. On peut le commencer dès le mois de mars pour l’aspect préventif et aider à la désensibilisation, puis en curatif. On peut le compléter avec du cassis, qui favorise l’action antihistaminique du produit.

D’autres recommandations ?

– Calmigem, un complexe composé d’une synergie de macérats et d’huiles essentielles à base de figuier, cassis, lavande vraie, angélique et néroli. Le figuier est l’une des meilleures sources de magnésium. Ce complexe agit sur le stress, l’angoisse liée à choc émotionnel ou le passage par période intensive qui occasionne de l’anxiété, comme celle des examens pour les étudiants… Son effet décontractant est immédiat.

– Artigem est notre base anti-inflammatoire et anti-douleur. On retrouve le cassis, mais aussi le pin (reminéralisant), la vigne (circulatoire) et le bouleau qui permet de désacidifier le terrain.

Nous voilà parés !

CC