Collectibio : Emballages plastiques : ici, je serai recyclé ! A vous de jouer

Quelques éléments d’explications, pour ceux qui veulent comprendre avant d’agir. Le plastique nous envahit, en particulier par le biais de notre consommation alimentaire quotidienne. En bio, l’idée de se passer d’emballages plastiques était pourtant intégrée au projet initial. Les petites structures qui distribuaient des produits bio dès les années 70 étaient attentives à privilégier la vente en vrac, en bouteilles ou en bocaux verre. Des pratiques plutôt visionnaires qui se sont largement développées dans les décennies qui suivirent, mais qui ont été accompagnées d’un phénomène bienvenu aux conséquences pourtant dommageables : la démocratisation du bio. Le bio, cette pratique agricole écologiquement vertueuse, a parfois commercialement évolué de manière discutable. En privilégiant les habitudes de consommation de masse, on oublia l’indispensable sobriété des pratiques.

 

 

Bon. Pour l’instant, les emballages plastiques sont là. D’aucuns s’efforcent de les éviter à juste titre, nous y reviendrons, quand d’autres se contentent de bien trier leurs déchets, imaginant ainsi avoir efficacement accompli le plus élémentaire de leurs devoirs. C’est un peu le cas : en triant ses déchets plastiques, le citoyen permet effectivement d’éviter que ces derniers se retrouvent au bord des routes ou dans mers et océans. Mais ce qu’il ne sait pas, c’est que presque 80% des déchets plastiques ainsi triés puis collectés à domicile ne seront pas recyclés. Ils seront incinérés ou enfouis, ce qui est loin d’être idéal, chacun en conviendra.

Pour quelles raisons ces plastiques ne sont-ils donc pas recyclés ? Parce qu’ils ne sont pas recyclables, nous répond-on souvent. Ce qui est faut. S’ils sont incinérés ou enfouis, c’est parce que le recyclage de certains types de plastiques coûte cher, très cher, trop cher apparemment.

Conscients du problème, les acteurs du réseau bio spécialisé ont décidé de se mobiliser. COLLECTIBIO a donc vu le jour afin de collecter en magasins puis recycler les déchets concernés et leur donner une seconde vie. Une action qui a été possible grâce au travail du Synabio, syndicat représentant des fournisseurs et distributeurs bio.

Cette démarche n’est que le juste effort que devrait s’imposer tout fournisseur ayant recours aux emballages plastiques, ou que devraient prendre en charge les pouvoirs publics – chacun en ira de sa propre analyse. En attendant, notre milieu a fait preuve d’une forte motivation en créant ce collectif. Né spontanément et sans contrainte extérieure, COLLECTIBIO est collectivement financé par des fournisseurs parfois concurrents qui ont dépassé leurs différences afin de conforter l’idée qu’à plusieurs, on agit mieux que seul. La liste des 13 fournisseurs ayant réalisé cette première est affichée sur les box que vous trouverez dans 800 magasins spécialisés français, dont les magasins Satoriz*.

A vous d’agir maintenant : vous êtes invités à ramener les emballages que vous avez vidés, toutes marques confondues. Evitez peut-être d’y ajouter ceux que vous avez achetés en grande surface lors d’un moment d’égarement, hein ? Merci pour nous, pour nos fournisseurs. Quant aux types d’emballages concernés, la liste est clairement indiquée sur les box et les documents mis à disposition : ce sont les films plastiques, les coupelles, les gourdes, les doypack (ces sachets hauts qui tiennent debout dans les rayons et se referment, pour certains). Ne sont pas acceptés : les bouteilles et flacons plastiques, les pots de yaourts. Que deviendront ces déchets ? Ils seront expédiés vers une usine qui les transformera en bancs, poubelles, pots, arrosoirs, palettes et leur donnera ainsi une seconde vie.

Beaucoup de nos lecteurs nous feront remarquer que cette judicieuse action n’est pourtant pas totalement satisfaisante, ils auront entièrement raison. Plus que de recycler, il conviendrait d’éviter de concevoir, de distribuer, d’acheter les produits inutilement, mal ou trop emballés. En cela, la démarche COLLECTIBIO porte en elle des éléments de réponse : elle est bienvenue, mais lourde et coûteuse, incitant dès à présent chacun à choisir d’autres solutions. Les fournisseurs en premier lieu, puisque beaucoup parmi eux, sensibilisés par ce travail collectif sur deux ans, ont déjà entrepris une transition vers des emballages compostables qui ne sont pas issus de ressources fossiles. Les distributeurs aussi ont mis la vitesse supérieure : les magasins sont de plus en plus équipés de silos vrac, et les fournisseurs vertueux sont privilégiés. Satoriz avance clairement dans cette voie. Quant aux consommateurs que vous êtes, chers lecteurs… Outre vos légitimes encouragements nous engageant à mieux faire, vous avez définitivement le ticket pour agir grâce à votre porte-monnaie : c’est en choisissant tel produit, tel distributeur, telle démarche globale de consommation plutôt qu’une autre que vous orienterez le cours des choses, malgré toutes les forces contraires.

Dernier point : les pouvoirs publics ont annoncé de futurs progrès sur le recyclage du plastique en France, dans les années à venir. Nous ne demandons qu’à les croire ! En attendant, chacun sait dès à présent comment agir.

JM

*A l’exception des magasins de Ferney Voltaire, Voiron, Champagne au Mont d’Or.