Les infusions ayurvédiques « atma bio »

 

Atma Singh

À produit extraordinaire, Sat’info extraordinaire… Les infusions que nous vous présentons ici sont extra-ordinaires en ce qu’elles sortent de la norme pour en créer une nouvelle : celle de l’infusion médicinale préparée chez nous, en Isère, selon les principes indiens de l’ayurvéda. Ceux qui la fabriquent sont plutôt hors normes eux aussi… Les fidèles lecteurs de Sat’info connaissent déjà le visage d’Atma Singh, souvent associé à la marque Yogi Tea dont il fut longtemps le représentant en France. Aujourd’hui, c’est son propre projet qu’Atma nous présente : des infusions cocréées avec l’un des très rares diplômés français de médecine ayurvédique, Narendra Das. Présentations.

 

Narendra Das, Lionel Poirot de son nom civil, a un parcours hors du commun. Isérois d’origine, il tombe amoureux des plantes médicinales et quitte son BTS agricole pour devenir jardinier en Provence, au Musée des arômes et du parfum. Là-bas sont cultivées toutes les plantes aromatiques de la région. Les activités du musée sont menées par Nelly Grosjean, fille d’Irène, grande dame de la « CRUsine » et de la naturopathie qui transmet son savoir à Lionel plusieurs mois durant. Diplômé de l’École Lyonnaise des Plantes Médicinales, ce dernier travaille à l’herboristerie grenobloise « Des racines et des herbes » lorsqu’il décide de partir se former à l’ayurvéda en Inde. Avant le départ, il prend contact avec Atma, qui va le suivre de loin pendant ses six années d’étude. Lionel Poirot est l’un des rares Européens à suivre la formation des médecins ayurvédiques indiens, appelés Vaidyas. Délivrée en anglais et en sanskrit, celle-ci est dure, intense, passionnante. Elle implique l’étude des textes médicaux classiques de l’ayurvéda, sa philosophie, son histoire et ses huit spécialités. C’est un challenge humain et culturel. Narendra Das navigue entre l’Inde du Nord et l’Inde du Sud, les enseignements de l’Université du Gujarat et la pratique dans des hôpitaux ayurvédiques comme auprès de médecins traditionnels. À son retour en 2014, Atma lui propose de composer des infusions ayurvédiques médicinales. Aujourd’hui, Narendra Das consulte sur Grenoble et met à profit ses connaissances en naturopathie pour adapter l’ayurvéda aux mœurs occidentales.

Narendra Das dans un champ de tulsi

L’ayurvéda ici et là-bas

Narendra Das a étudié les formes les plus anciennes d’ayurvéda, telles que pratiquées par quelques médecins nomades du sud de l’Inde. Ayant complété cet apprentissage par celui, plus classique, des hôpitaux ayurvédiques indiens, il réalise que les Français n’accepteraient pas le tiers de ce que l’on propose aux Indiens dans ces lieux… Alimentation, climat, mais surtout des cultures de la souffrance et de la maladie aux antipodes expliquent que certaines plantes qui fonctionnent là-bas demeurent sans effet sur nous. Narendra Das constate en outre que l’ayurvéda enseigné dans les universités indiennes est parfois différent de son interprétation occidentale, qui réduit souvent la consultation à cocher des cases pour savoir si l’on est plutôt de constitution Vata (sec, léger), Pitta (énergique, colérique) ou Kapha (lent, lourd), puis à appliquer les conseils de mode de vie qui s’y appliquent. Selon Narendra Das, le tableau des constitutions est un bon outil pédagogique mais demeure réducteur. L’approche occidentale néglige notamment l’importance d’Agni, le feu digestif, dont le fonctionnement est central dans toute consultation sérieuse.

À son retour, Narendra Das a choisi d’adapter l’ayurvéda à nos mœurs et plantes locales. « En Inde, la consultation est très rapide, on fait peu de médecine de terrain. Chez nous, il est d’abord question de rebooter la conscience des gens. Je leur demande de retrouver la conscience de leur satiété, de la qualité de leur sommeil… Ces ressentis subtils sont des intuitions naturelles du corps : à partir du moment où on l’écoute, il répond et le discernement affleure. Tout travail de terrain prend du temps, il y a des phases de plateau, des catharsis, essentielles. Parfois c’est une épopée, on en bave vraiment ! Mais l’intelligence de l’ayurvéda, c’est savoir que se faire confiance apporte quelque chose ».

La conception des infusions

Narendra Das : « J’ai élaboré les infusions sur les principes de l’herboristerie ayurvédique, le Dravya Guna, science des substances et de leurs qualités. Tout repose sur le principe de la synergie. On ne fait pas une simple addition de plantes mais on prend en compte la dynamique intrinsèque et les interactions de chacune. C’est ensemble que les plantes agissent et c’est pendant la digestion que les substances se révèlent médicinales. J’ai goûté et regoûté chaque recette tout en procédant à un long travail d’introspection et de lecture des textes anciens. Lorsque c’était possible, j’ai substitué aux plantes traditionnelles des variétés locales, comme le mélèze au lieu de l’encens Boswellia par exemple. Au final, ces infusions sont une application de l’ayurvéda aux plantes traditionnelles d’Inde et d’Europe ».

La fabrication des infusions

La fabrication des infusions Atma est localisée à Domène, près de Grenoble. Deux machines seulement mais des sacs d’épices du sol au plafond !

Certaines plantes sont récoltées localement, les autres proviennent de leurs terroirs d’origine. La particularité d’Atma est d’être allé chercher en Inde les plantes spécifiques à l’ayurvéda, introuvables en Europe et pour certaines inédites en bio, comme le brahmi. Les dégoter ne fut pas une mince affaire – un Indian Tour a mené Narendra Das dans les régions les plus reculées de l’Inde, plusieurs mois durant… pour constater que la plupart des épices étaient récoltées et stockées dans des conditions désastreuses. Fort heureusement, le voyage permit de nouer des liens avec des producteurs à la démarche exemplaire, auprès desquels Atma se fournit en cardamome noire, ashwaganda, et pas moins de trois sortes de tulsi, le basilic indien.

Narendra Das avec un producteur d’ashwaganda

Soixante-douze matières premières en tout, pour une dizaine d’ingrédients par infusette en moyenne : c’est beaucoup ! Et cela n’est pas sans poser problème… L’objectif a toujours été de produire des infusions médicinales les plus efficaces possible, une démarche ambitieuse qui rencontre plusieurs obstacles. Le goût, d’abord ! Les recettes ont été retravaillées pour être plus agréables à boire. Deuxième obstacle, la légalité (certaines plantes ne sont pas autorisées sous nos latitudes). Troisième obstacle, la certification (certaines plantes se sont avérées introuvables en bio). À chaque fois, Narendra Das a adapté ses recettes. Mais pas question de transiger face à l’obstacle technique principal : plus on mélange d’ingrédients différents, plus ils sont susceptibles de former des mottes et des fagots et de ne pas arriver de manière homogène jusqu’à l’infusette. Au-delà de cinq composants, c’est un casse-tête chinois. Deux solutions : réduire leur nombre (option fréquemment choisie par les fabricants d’infusions) ou faire appel à un prestataire bien équipé qui découpe chacun des soixante-douze ingrédients au format optimal, au millimètre près… « C’est parce qu’on ne savait pas que c’était impossible qu’on l’a fait ! », conclut malicieusement Atma.

Les infusions

Intestin sensible (Hima Paka)

Narendra Das : « Le fond du problème est symptomatique de nos sociétés actuelles : les gens n’ont plus de feu digestif. Or on a beau manger tout ce qui nous est conseillé, si l’on n’a pas de feu digestif, cela ne marche pas ! Le feu digestif est contrarié par les repas trop copieux et les mauvaises associations alimentaires. La plupart des gens mangent en excès et mélangent des ingrédients qui n’auraient jamais dû se rencontrer, des terroirs, des saisons, italien le midi, indien le soir… S’ajoute à cela le stress et le fait de ne pas respecter un temps de digestion suffisant entre deux repas. On pense avoir faim, on grignote ou on mange trop et sans avoir laissé la digestion arriver à son terme. Alors les bols digestifs se mêlent et c’est la pagaille… Cette perte de cohérence de la membrane intestinale mène à des syndromes de l’intestin irritable, acidités, aigreurs, etc. Selon l’ayurvéda, on ne mange que lorsque le repas précédent a été complètement digéré et on prend constamment soin du feu digestif. À ce titre, l’infusion Hima Paka est très complète : elle rafraîchit, réhumidifie, protège et fait secréter l’intestin. Mieux vaut la prendre de manière apéritive, avant les repas. Et bien entendu, respecter des temps de digestion suffisants ! »

Transit (Dravata)

Narendra Das : « Avant d’aller chercher le quoi, il faut s’interroger sur le comment ! Dans chaque secteur de l’intestin, il se passe des choses qui prennent du temps, selon un certain rythme. Lorsqu’il y a embouteillage, ce rythme est cassé et la digestion n’est pas harmonieuse. La constipation entraîne une réabsorption intestinale. Pour s’en sortir, les gens ont recours aux laxatifs… Or certes ces derniers débouchent le système, mais ils créent aussi une accoutumance en tuant le feu digestif. En ayurvéda, on va au contraire chercher à amener le prana (mouvement) vers le bas et l’extérieur afin de nettoyer et soulager l’intestin tout en protégeant le feu digestif. C’est ce que fait Dravata. Cette infusion soulage aussi bien les états de diarrhées épisodiques que la constipation. Dravata contient de la bourdaine, de la guimauve, de la chicorée, du fumeterre, du poivre long… Et de l’amla, sorte de grosse groseille acide et astringente qui purge, resserre et tonifie la membrane. En Inde, elle est consommée au quotidien. Dravata est d’autant plus efficace qu’on l’accompagne de meilleures habitudes alimentaires. En Inde, on va conseiller des jeûnes, monodiètes, sudations et massages à sec visant à ouvrir un espace dans le corps pour le faire respirer. En cas de problèmes digestifs, on conseille naturellement à la personne de supprimer l’un des trois repas ou de l’alléger (en le remplaçant par exemple par des fruits, du porridge prétrempé avec des raisins secs…) On sait également que les aliments dits guru (lourds) mobilisent énormément de ressources : ce sont les produits laitiers, la viande, les céréales blanches et transformées et l’association de différents sucres. Voici un principe simple que je propose aux personnes qui viennent me voir : si vous mangez des céréales, prenez-en d’une seule variété à la fois. Associer plusieurs céréales différentes appelle autant de feux digestifs distincts et crée de la lourdeur et de la fatigue. Enfin, il y a la question de quand : des protéines animales d’accord, mais pas le soir. Du fromage OK, mais à midi, pas en saison chaude sauf s’il est frais et issu de bêtes en pâturage. Ne pas manger trop tard le soir, plutôt avant 20 heures. Il est conseillé de prendre Dravata le matin à jeun ou le soir avant le coucher, 1 à 3 sachets par jour pendant deux jours (ou jusqu’à régulation). Y revenir quand le besoin s’en fait sentir… »

Détox (Shodana)

Narendra Das : « En ayurvéda, on considère que chaque couche de tissu se nourrit d’un « jus » élaboré lors de la digestion. Chaque tissu retient certains éléments et possède son propre feu. Si un tissu est trop engorgé, il stocke. C’est souvent le cas dans nos sociétés du « trop » partout et tout le temps… Pour évacuer, il convient de détoxifier tous les émonctoires : rein, poumon, intestin, foie, peau. Shodhana est globale et va chercher jusque dans le sang pour nettoyer le corps en profondeur en indiquant aux toxines la porte de sortie, car une toxine qui cherche à sortir est plus dangereuse, si elle n’y parvient pas, qu’une toxine stockée qui ne bouge pas. On prend l’infusion en cure de trois semaines aux changements de saison. Au début, on a très chaud : Shodhana chauffe le corps pour fluidifier les déchets, puis elle vidange la chaleur par l’urine et les selles. Cela peut fatiguer, il faut alors adapter l’alimentation, faire des pauses ».

Paix du mental (Mano Shanti)

Atma Singh : « En ayurvéda, la force du mental est étroitement liée à la pureté du corps. On fait référence à Vata, qui représente le mouvement, la respiration, les pensées. Les réseaux d’énergie dans le corps ne doivent jamais être obstrués. Or si le corps accumule trop de tensions, les mouvements (vaayus) sont bloqués et le mental perturbé. C’est le cas pour les personnes stressées qui ont du mal à gérer la pression, cogitent beaucoup, s’endorment avec une liste de choses à faire… L’activité mentale attire l’activité mentale ! Mano Shanti est une équilibrante de Vata. Elle pose le mental et soigne le terrain anxieux au quotidien. Pour l’accompagner, on conseille aux personnes de veiller à avoir une respiration régulière : la régularité amène la stabilité ».

Concentration du mental (Buddhi)

Narendra Das : « Si Mano Shanti soigne un terrain, Buddhi est plutôt conseillée de manière ponctuelle pour les personnes devant faire face à une période de tension intellectuelle intense et recherchant un effet immédiat – étudiants, chercheurs, enseignants, artistes, etc. Buddhi est une synergie qui va chercher des facultés présentes mais inaccessibles : mémoire, discernement, volonté. Elle réjuvénise le mental en remettant en circulation les toxines stockées dans les canaux de la tête. Ce faisant, elle renforce le cerveau, organe le plus vascularisé et humide du corps. Son premier composant est le brahmi, qui pousse les pieds dans l’eau. C’est la plante des brahmanes qui le consomment en jus le matin avant de réciter par cœur les textes sacrés. Buddhi contient des plantes toniques (macis) et restructurantes (tulsi), en plus de plantes circulatoires et légèrement piquantes qui amènent le sang au cerveau, telle que l’huile essentielle de mélèze ».

Récupération sportive (Mamsa Shodhana)

Atma Singh : « Au début d’une activité physique, les muscles sont froids. On les échauffe de manière à performer, puis en cours de pratique se crée de l’échauffement dans les tendons et les tissus. L’élément feu (Pitta) est alors en surabondance et tend à « migrer » vers l’extérieur du corps. Mamsa Shodhana est une infusion anti-Pitta à prendre après l’effort. Elle purifie le sang en chassant l’excès de chaleur accumulé pendant une activité physique soutenue et évite les courbatures. Elle est inspirée d’une recette traditionnelle du sud de l’Inde, offerte aux personnes qui arrivent à la clinique afin de rafraîchir le corps et l’esprit. L’idéal est de la préparer en décoction au litre et de la boire froide, elle ne tourne pas. Beaucoup de coureurs en montagne la boivent fraîche pendant l’effort ».

Atma chaï

Dans sa jolie boîte métallique, l’Atma chaï est une boisson aux épices (cannelle, gingembre, cardamome verte, girofle et poivre noir) dépourvue de thé noir. Lorsque le thé est consommé avec d’autres aliments, ses tanins empêchent l’assimilation du fer et la production de globules rouges, essentiels au transport de l’oxygène dans le sang. L’Atma chaï est donc le plus adapté aux sports pratiqués à l’extérieur par temps froid. Vous avez dit ski ?

Conseils généraux

Il est conseillé de faire infuser les sachets pendant 10 minutes dans une eau très chaude. L’idéal est de procéder à une décoction : 3 sachets découpés dans 1 litre d’eau, 10 minutes à frémissements, puis on filtre. En Inde, pour certaines infusions, on place les sachets dans l’eau froide pour la nuit puis on fait chauffer l’infusion le lendemain matin (le procédé se nomme Phanta). C’est encore plus efficace.

CC